Bienvenue!

Bienvenue à tous sur mon petit cahier numérique, un peu autobiographique, au cours duquel je vais vous décrire certaines journées de mon existence. Le seul point commun entre toutes ces journées: ma présence dans un stade.


Bonne lecture et n'hésitez pas à me commenter et/ou me contacter!

vendredi 6 janvier 2012

Bienvenue en France


     Ce week end va se dérouler le traditionnel tour de coupe de France marquant la reprise pour tous les clubs du pays et l'entrée dans la compétition pour ceux de l'élite. Voici donc le récit d'un de ces matchs de coupe...

Agen, 23 janvier 2011


En 2011, je n’habite plus à Londres mais en Occitanie par choix et plus précisément dans le Gers pour raisons professionnelles. Ici, la majeure partie des pages sportives des journaux est consacrée au rugby.
            Pour être clair, la ferveur footballistique n’existe pas. Il y a trois fois moins de clubs de football professionnels dans tout le quart sud-ouest de la France que dans la simple banlieue londonienne.
            La seule rencontre qualifiée injustement de « derby » oppose Bordeaux à Toulouse, deux villes séparées de près de 250 kilomètres.

            Le club professionnel local est donc le FC Toulouse, club pour lequel l’enthousiasme est très mesuré, tapis dans l’ombre du Real Madrid du rugby qu’est le Stade Toulousain.
            Le stadium municipal demeure à moitié vide toute l’année (59% de remplissage depuis la dernière promotion en ligue 1) et les occasions de s’emballer sont une denrée rare.

            Alors forcément, lorsque le tirage au sort des seizièmes de finale de la coupe de France désignât les amateurs d’Agen (eux aussi dans l’ombre du club de rugby local) comme hôtes de mon cher Paris Saint-Germain, je bondis sur l’occasion.
            Un match de football intéressant à 100 kilomètres de chez moi était une rareté que je ne pouvais pas décemment laisser passer. L’organisation chaotique allait elle tout faire pour que je me rate.

            Le stade de football de la ville d’Agen ne pouvant clairement pas accueillir sereinement la foule envisagée pour cette rencontre, le club d’Agen décida de délocaliser le match à Armandie, fief habituel des rugbymen agenais.
            Les dirigeants du Paris Saint-Germain, en pleine phase de « pacification » et/ou « désertification » de ses tribunes, craignaient que ce match dans un petit stade de province ne tourne au règlement de compte entre supporters chassés de leur Parc des Princes. Ils demandèrent donc à la Fédération de relocaliser le match à Bordeaux ou à Toulouse pour mieux assurer la sécurité du public.
            Bien entendu, le club local prit cette demande comme un manque de fair-play et de recours en appels, on ne savait toujours pas où jouer ce match à une semaine de son coup d’envoi.
            La vente de billets se trouvait donc suspendue, victime collatérale de ce bazar administratif.

            Lorsqu’à 6 jours de l’évènement, la décision de maintenir le match à Agen avec une sécurité renforcée fût enfin entérinée, la vente des billets pu enfin démarrer.

            Il fallait pour s’offrir les sésames, se déplacer à Agen dans l’un des 3 points de vente crées. Je fis volontiers cet effort mais rapidement cru l’avoir fait vainement lorsque je vis que les billets ne seraient vendus qu’aux titulaires d’une carte d’identité délivrée dans le Lot-et-Garonne ou l’un des départements limitrophes, et ce dans le but d’empêcher les parisiens de venir régler leurs comptes à cette occasion.
            Problème, mes papiers d’identité ne sont pas du tout issus du sud-ouest mais délivrés par le consulat français de Londres. Ma chance a ici été de prouver que Londres n’était pas sur la liste des départements « bannis » par les revendeurs de billets. De plus, la possession d’un carnet de chèque à une adresse ariègeoise finis de convaincre les vendeuses à la rigueur professionnelle peu remarquable.
            Je repartis donc avec 2 billets pour le spectacle du dimanche après-midi (j’avais comme souvent invité d’office ma femme).

            Le jour du match enfin arrivé, j’arrangeais une petite découverte touristique de la ville d’Agen pour satisfaire ma curiosité et surtout pour rendre la journée moins difficile à supporter pour ma femme.
            Première surprise, l’alcool coule à flot. En Angleterre également vous me direz, mais certainement pas à moins de 100 mètres des portes du stade à l’heure d’un match.
            Deuxième surprise, pour un match classé « à risque » la présence policière se fait discrète dans les rues bordant le stade, voire même inexistante pour gérer le flot de voitures inhabituel se déversant dans ces même rues.



            Mais ceci est à ranger au rayon détail comparé  aux premières impressions vécues dans le stade.
            Pas de gestion des spectateurs. Des agents de sécurité sont en position pour effectuer une fouille corporelle et font leurs travail mais aucun système de blocage des spectateurs n’étant en place, une bonne moitié de ceux-ci se permet sans qu’on ne leur dise rien, de passer entre deux agents pour filer vers les tribunes.
            Pas de gestion des spectateurs #2. Le stadier civil situé à l’entrée de notre accès à la tribune nous apprend avec malice que les places réservées et numérotées dans une tribune assise que j’avais volontairement achetées plus cher pour éviter la cohue à ma chère femme, ne valent rien, la tribune étant « pleine ». L’incompréhension fît vite place à l’énervement puis au dépit, comprenant que le pauvre agent avait été parachuté ici sans aucune consigne particulière quant à la vérification des billets des gens pénétrant dans la tribune.
            Pas de gestion des spectateurs #3. Quelques marches plus loin, nous découvrons qu’effectivement la tribune est pleine à craquer, qu’il est inutile de chercher un agent de sécurité pour nous montrer nos places puisqu’il n’y a pas d’agent en tribune. De même, il est inutile d’essayer de trouver nous même ces places, la numérotation sur nos billets semblant factice puisqu’aucun numéro ne semblait visible sur les gradins les plus proches de nous.
            Pas de gestion des spectateurs #4. Une fois décidé à passer le match debout à la sortie d’un couloir ou le vent gelé s’engouffrait avec plaisir, je pus remarquer avec délectation la présence de barrières anti-invasion de terrain aux pieds des tribunes. Vous savez ces barrières temporaires de chantier légères qui s’emboitent aux pieds dans des socles de ciment. Ces barrières qui se renversent à la moindre pression et encore plus facilement quand elles ne sont pas liées entre elles, comme ce fus le cas ce jour là…
            Pas de gestion des spectateurs #5. Le déplacement de supporters parisiens ayant été interdit, le petit carré de tribune obligatoirement réservé aux supporters visiteurs et monté pour l’occasion, se trouvait être entièrement vide. Au lieu de ça, on distinguait des petits groupes de supporters bleus et rouges disséminés un peu partout dans le stade. Il ne leur fallut que quelques minutes pour se regrouper tous ensemble juste à côté du parcage qui les aurait en temps normal accueilli. Cela va sans dire mais ce rassemblement imprévu se fit sans aucun encadrement sécuritaire. Heureusement ces supporters là étaient entièrement pacifiques et passèrent leur après-midi à chanter les louanges du nouveau plan de sécurité du club.

            A part ça, un match s’est tout de même déroulé sous nos yeux. Ce fut même un bon match ou le petit poucet résista vaillamment à l’ogre du jour avant de finalement s’incliner d’un petit but. Paris l’emporta 3 buts à 2 sans vraiment briller et poursuivit sa route jusqu’à la finale où ils s’inclineront face au nouveau champion de France lillois.

            Le retour sur Terre avait donc été violent. J’appréciais déjà énormément les multiples charmes de ma nouvelle région mais venait seulement de réaliser à quel point son isolement était grand sur la carte footballistique du monde.
            Finis les plaisirs d’une population qui respire le football avec son oxygène, finis les fastes d’une ligue multimilliardaire, finis la cohésion sociale et la grande responsabilité des clubs à l’égard des évènements qu’ils organisent.
            Bienvenue au pays de la paperasse administrative, au pays de l’extrême négligence sécuritaire, bienvenue en France.

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