Bienvenue!

Bienvenue à tous sur mon petit cahier numérique, un peu autobiographique, au cours duquel je vais vous décrire certaines journées de mon existence. Le seul point commun entre toutes ces journées: ma présence dans un stade.


Bonne lecture et n'hésitez pas à me commenter et/ou me contacter!

mardi 4 décembre 2012

Le parcage



            En ce dimanche soir, l’affiche de la 7e journée de ligue 1 oppose le club qui était alors mon club local à celui qui était le club de mon cœur. L’occasion était à ne pas manquer pour moi, de m’immiscer parmi les supporters visiteurs pour vivre (enfin) une rencontre du point de vue du parcage réservé aux visiteur. Cependant, la tâche ne s’annonçait pas évidente.

En effet, l’ensemble des matchs du Paris SG disputés à l’extérieur durant la majeure partie des années 2000, était considéré comme des matchs « à haut risque » par les préfectures de police locales, en raison des troubles qui régnaient entre supporters parisiens. Ceux-ci profitaient de leur promiscuité dans une même tribune ainsi que d’une organisation de la sécurité moins huilée qu’à Paris pour régler leurs comptes en province.

            Il n’était donc pas possible d’acheter de billets sans passer par les groupes de supporters officiels et donc il était impossible de dissocier le billet d’entrée au stade du déplacement en car depuis Paris.
            Dernière possibilité, attendre au stade l’arrivée des spectateurs visiteurs et négocier le rachat d’un des billets inutilisés en leur possession.
            Je me rendis donc de bonne heure au stade et m’installai au pied du bloc recevant les visiteurs. Etant en contact avec quelques connaissances venant de la tribune G du Parc des Princes, je fus rapidement mis au courant que mon attente allait être longue…

            Lorsqu’enfin les cars furent parqués et les fans autorisés à rejoindre la tribune, j’eu donc l’occasion d’obtenir un sésame, ce qui fût aisément effectué auprès d’un des organisateurs du déplacement.
            Je pus donc enfin pénétrer le stade Geoffroy Guichard par un escalier jusque là encore jamais emprunté. Le coup d’envoi était proche et les spectateurs domicile comme visiteurs étaient déjà en place avec tout le matériel du parfait petit ultra.
            La tribune visiteurs de ce stade se situe relativement prêt du kop nord stéphanois où l’ambiance était déjà très vive. Notre parcage n’était pas en reste avec un joli tifo papier réalisé pour l’entrée des joueurs (une rareté en déplacement) puis ce fut le début d’un grand chaos.
            Les chants s’enchainèrent parfaitement, jusqu’au point où quelques stéphanois durent admettre après coup que le bruit que le millier de visiteur émettait couvrait par instants celui produit dar les trente mille autres.

Un vrai tifo en parcage visiteurs! Rare!

            Cependant, le déroulement du match allait tenter de nous jouer des tours. Les parisiens étaient tout simplement mauvais, et ce dès les premières secondes. Ce qui fit comprendre aux verts qu’ils pouvaient réaliser une partie moyenne et la faire aisément passer pour un grand match.
            Au bout de 45 minutes et de très nombreuses situations chaudes devant les buts du pauvre Jérôme Alonzo, le score n’était que de 1 but à 0 mais la cause semblait perdue d’avance tant le onze parisien semblait dans un de ses plus mauvais soir.

La grande surprise vint en fait de l’attitude de mes camarades supporters qui très vite se désintéressèrent complètement du match en cours, pour se concentrer uniquement sur la répétition de leurs chants et gestuelles.
Cela dura pendant deux heures, sans même une interruption à la mi-temps. L’euphorie était générale dans le bloc, peu de gens se rendirent compte que notre équipe avait concédé un deuxième puis un troisième but, sauf en apercevant du coin de l’œil le tableau d’affichage.
C’est uniquement au moment où le stade commençait à se vider que nos pieds retouchèrent terre.

Et la redescente fût douloureuse. Je dus faire face à une situation que je n’avais pas prévue, celle dans laquelle se trouvent tous les supporters effectuant des déplacements « à risques ».
Les forces de l’ordre maintenaient notre sortie fermée, jusqu’à l’éparpillement complet des supporters locaux, afin d’évider tout risque de rencontre pouvant dégénérer.
Près de deux heures après le coup de sifflet final, nous fûmes guidés de nos gradins vers un enclos organisé sur un parking derrière la tribune, où les policiers laissaient partir les supporters par petits groupes à l’appel de leur chauffeur de bus.
Nous étions alors 4 à souhaiter quitter cette prison pour nous diriger chez nous par nos propres moyens (3 autres supporters étaient venus en voiture depuis l’Auvergne).
Nous avons alors essuyé un refus catégorique de la part du chef des opérations qui nous indiqua clairement que nous serions les derniers à quitter le secteur. Nous décidions alors d’abandonner nos protestations et de nous asseoir par terre en attendant qu’on nous appelle à notre tour.

Les horloges indiquaient finalement une heure passée d’un certain nombre de minutes lorsque je pris la direction de la sortie. Bien entendu, à cette heure-ci, les services de transport exceptionnels mis en place les soirs de match étaient déjà tous rentrés à leur dépôt.
Il ne me restait plus qu’à marcher les 4 kilomètres me séparant de mon lit, tout seul dans la nuit forezienne. Une nuit de seulement 3 heures m’attendait avant de redémarrer une difficile semaine de cours.

Finalement j’ai vécu cette expérience du parcage comme un premier essai d’une drogue chimique où peut-être comme une mauvaise cuite : la fatigue et la douleur font durement suite à une extraordinaire euphorie difficilement explicable et contrôlable.
Dans mon cas, la redescente est amère, et c’est pourquoi je mis un terme à mon expérience et stoppai jusqu’à nouvel ordre ma consommation de parcage.