Bienvenue!

Bienvenue à tous sur mon petit cahier numérique, un peu autobiographique, au cours duquel je vais vous décrire certaines journées de mon existence. Le seul point commun entre toutes ces journées: ma présence dans un stade.


Bonne lecture et n'hésitez pas à me commenter et/ou me contacter!

vendredi 16 décembre 2011

Oktoberfest football

     Afin de remercier chaleureusement mon premier lecteur et commentateur, j'ai décider de vous publier aujourd'hui une journée que j'ai partagée avec lui. Et c'est peu dire que c'était folklorique...

Munich, 4 octobre 2003


            En ce début d’octobre, quelques amis et moi nous rendons pour la première fois en terre allemande avec pour but premier de découvrir un des évènements non sportif le plus populaire du monde : l’Oktoberfest (tout juste derrière le carnaval de Rio en ce qui concerne la fréquentation annuelle).
            Un objectif secondaire du séjour était pour moi d’aller visiter un monument de l’histoire du football, quelques mois avant sa disparition définitive. Comme mes compagnons marseillais étaient eux-mêmes très intéressés de mener ce pèlerinage vers le stade qui les a vus être sacrés champions d’Europe dix ans plus tôt, nous nous mîmes dans l’esprit de sacrifier un morceau de notre weekend pour aller voir ce monument en péril.



           
L’Olympiastadion n’avait alors plus que quelques mois à vivre au regard de son activité footballistique. Il allait en effet être suppléé un an plus tard par une Allianz Arena flambante neuve dans le cadre de la coupe du monde qu’allait bientôt accueillir l’Allemagne.
            Le stade avait été conçu pour les Jeux Olympiques de 1972 qu’accueillait la ville bavaroise. Il était alors considéré comme révolutionnaire avec sa toiture de verre courbe soutenue par des câbles métalliques rappelant vaguement les sommets alpins.
            Mon avis est qu’il s’agissait alors d’un des plus beaux stades du monde, et ce malgré sa configuration « olympique » (piste d’athlétisme éloignant considérablement les supporters de l’action footballistique).

            Deux équipes munichoises évoluaient alors en Bundesliga, le modeste Munich 1860 et le Bayern Munich, beaucoup plus tape-à-l’œil. Les deux clubs se partageaient le stade olympique, et donc le calendrier offrait une rencontre à domicile chaque weekend pour un des deux clubs bavarois.
            Le calendrier nous proposait donc un Bayern Munich recevant le Herta Berlin pour le samedi après-midi.

            Nous essayâmes durant nos deux premières journées sur place de dénicher des informations concernant la vente de billets pour ce match mais une des raisons suivantes nous fît échouer dans notre quête :
a) problème de communication en langage allemand (bien que j’eus un jour tenté de maîtriser la langue de Gœthe),
b) manque de supporters conciliants du Bayern comparé à ceux du 1860 dans la population locale,
c) alcoolémie excessive des interlocuteurs.
Nous décidions alors de tenter notre chance directement au stade, le jour du match.

Après un apéritif dégusté sous la tente Löwenbraü, nous prenions la direction du parc olympique au fond duquel se trouvaient le stade et sa billetterie.
La traversée du parc nous permis de découvrir d’autres anciens sites olympiques mais également un terrain de football très particulier : pausé sur le flanc d’une colline avec des lignes ondulées et quelques arbres répartis sur sa surface. Notre conclusion fût que nous avions affaire à une œuvre footbalistico-artistique qui ne devait pas être foulée par beaucoup de crampons…
La chance était de notre coté puisqu’en arrivant au guichet des sésames bon marché pour un accès en tribune latérale s’offraient à nous.


La configuration de ce stade est très particulière. Outre sa localisation en plein milieu d’espaces verts et son architecture originale, celui-ci ne jaillissait pas de la terre comme la plupart des monuments célèbres. Au contraire, l’Olympiastadion  lui s’enfonçait sous terre, seule sa toiture dépassait du plancher sur lequel nous marchions.
Une coursive parcourait le sommet des tribunes et donnait accès aux gradins. Aucun mur, barrière ou division de quelque sorte n’existait pour cloisonner les différentes zones des tribunes. Juste un agent en haut de chaque escalier pour vérifier que vous descendez au bon endroit.

Nous avons donc assisté à la première mi-temps depuis nos sièges en tribune latérale, entourés de supporters allemands venus en famille passer une après-midi au soleil.
Cependant, nous avions remarqué qu’une petite troupe de supporters ultras s’agitaient en bas de la tribune située derrière un but tandis que le virage opposé était lui réservé aux très nombreux fans visiteurs.
Après 45 minutes notre curiosité avait été suffisamment aiguisée. Nous profitions alors de la pause et de l’absence de frontière entre les tribunes pour aller rendre visite aux ultras bavarois pour partager ensemble le second acte.
Nous nous rendîmes rapidement compte que le noyau dur du groupe était relativement réduit et qu’ils étaient équipés d’une bonne quantité de matériel (drapeaux, étendards…) sans qu’il y ait assez de volontaires pour les agiter.
Nous décidions de nous porter discrètement volontaires en nous infiltrant petit-à-petit au sein du noyau du groupe. Notre progression fût pénible, notamment à cause de ma tenue vestimentaire.
En effet, à cette époque ma garde robe était très majoritairement composée de maillots de football de tous pays. Le rituel d’habillage consistait à en piocher un aléatoirement dans la pile pour m’accompagner toute la journée. Ce matin là, le sort avait désigné une belle tenue à rayures verticales bleues et blanches, la tenue domicile du FC Porto.
Malheureusement, la tenue ressemblait à s’y méprendre au maillot porté aujourd’hui par l’équipe visiteuse du Herta Berlin, provoquant au mieux des regards suspicieux de la part des gens autour de moi, et au pire des remarques verbales probablement très désagréables de la part des plus acharnés.

Une fois installés au cœur de l’action ultra, nous décidâmes de mettre toute notre énergie à pousser les joueurs locaux : chants (approximatifs), gestuelles, agitation de drapeaux…
Nos efforts ne furent pas vains puisque le Bayern profita de la deuxième mi-temps pour s’imposer largement face aux berlinois.
Une vaine tentative de quitter le stade discrètement avec un souvenir présentant la forme d’un deux-mâts peint aux couleurs du club avait presque aboutit lorsque je fus rattrapé en haut de l’escalier par un des leaders du groupe vociférant quelque chose probablement très  menaçant.
Une petite échauffourée plus tard, l’étendard retrouvait son propriétaire original et nous nous redirigions vers la tente d’un brasseur bavarois pour poursuivre notre dégustation, la tête pleine de bons souvenirs concernant un stade mythique.

            C’est ça l’esprit de l’Oktoberfest football !

vendredi 9 décembre 2011

Mon idole

     Pour célébrer la création du blog de mon très cher ami Juan-Pablo Sorin (lien direct), je vous publie aujourd'hui le déroulement de notre première rencontre...

Paris, 4 janvier 2004

           En cette saison 2003-2004, ma ferveur pour le Paris Saint-Germain atteint un niveau jusqu’ici inexploré et se maintiendra ensuite à cette hauteur au moins jusqu’au jour de la rédaction de ces pages et probablement pour bien plus longtemps encore.
            En effet, le syndrome du chauvinisme exacerbé fit une victime de plus. Etant en école d’ingénieur, loin de ma terre d’origine comme nombre de mes camarades, je me suis transformé progressivement en un vrai parisien qui trouve que tout se qui se passe au-delà du boulevard périphérique (où peut-être l’autoroute A86 éventuellement) n’a guère de valeur ou d’intérêt.
            Trois années de mise à niveau avec mes camarades des quatre coins de la France et me voilà plus parisien que jamais.
La rencontre de ma future femme me fera revenir sur cette opinion petit-a-petit mais n’atteindra pas ce qui concerne la passion footballistique.


Le problème étant tout de même l’éloignement, un déplacement de plus de 500 kilomètres toutes les deux semaines pour voir son équipe jouer à domicile n’était pas simple techniquement et clairement impossible financièrement.
            Malgré tout, je me lançais dans la grande aventure consistant à acheter un abonnement à la saison. J’espérai pouvoir assister à quelques rares rencontres avant la trêve hivernale et tentait un pari pour la seconde partie de la saison. Ayant un un stage obligatoire à effectuer entre janvier et juin dans le cadre de mes études, je misais sur le fait de trouver mon bonheur.


          Me voici alors en possession d’une carte me permettant de m’asseoir au Parc des Princes, en tribune G pour chaque match à domicile de la saison à venir.

            La première partie de mon plan peut être considérée comme un échec puisque je n’ai pu assister qu’à 1 seule rencontre avant Noël. Il fallait absolument rentabiliser l’investissement sur les matchs retour.


           Ayant obtenu un stage intéressant en Ile-de-France, je m’apprêtais à repartir pour Saint-Etienne à l’issue des vacances de Noël, lorsque surgit d’un tirage au sort mystérieux, une rencontre de coupe de France à domicile située la veille de la reprise des cours.
            Je repoussai bien évidement mon retour dans le Forez jusqu’à la dernière minute afin de pouvoir assister à cet évènement.

            L’évènement n’avait pourtant rien d’alléchant : un 32e de finale de coupe de France face à une équipe troyenne évoluant alors en ligue 2.
           Ma chance était de pouvoir pour la première fois de ma vie m’asseoir au cœur du virage Auteuil, celui-ci n’affichant pas complet en raison de la date et de l’affiche peu savoureuse proposée.
              La température est glaciale mais je suis surchauffé à l’idée de me situer enfin au cœur de l’action chez les ultras parisiens.


          L’équipe parisienne était composée à moitié de remplaçants habituels ou bien de jeunes encadrés par quelques joueurs expérimentés, Letizi, Heinze, Pauleta et un certain Juan-Pablo Sorin.
            Ce joueur argentin était alors âgé de 28 ans et avait déjà pas mal roulé sa bosse dans le monde du football. Il sortait même d’une bonne saison sous les couleurs du FC Barcelone lorsqu’il débarqua en prêt à Paris lors de l’été 2003.
            Sa crinière ressemblait à celle que j’arborai à l’époque, sa petite taille était également la mienne, et son poste de prédilection était également le mien.
La tentation était grande d’exprimer une adoration pour ce joueur… Mais il m’en fallait plus !

Et les arguments ne tardèrent pas. Il prouva rapidement qu’il allait être indispensable à cette équipe, il mis en avant des qualités qui me tiennent personnellement énormément à cœur : combativité, endurance, rage de vaincre… Des preuves ?

Combativité : Après quelques matches de championnat, les compositions d’équipes établies par les journalistes n’indiquait plus de milieu ou d’avant gauche à Paris, ayant compris que Juampi depuis son poste d’arrière gauche allait continuellement assurer ces 3 fonctions en même temps.
Endurance : Il ne fut cette année là remplacé que 2 fois en cours de match sur blessure et 2 autres fois pour gagner du temps en fin de match.
Rage de vaincre : En 26 apparition sous le maillot parisien cette saison là, il ne connut la défaite à aucune reprise, fait unique dans les anales du club.

Vous l’aurez compris, à mi-saison j’avais déjà compris qui était ma véritable idole footballistique. J’étais en ce dimanche, près à donner ma voix pour l’encourager.
Malgré mes efforts, les parisiens ont beaucoup de mal à débuter leur match et se trouvent menés de deux buts à la mi-temps sans avoir jamais été menaçant.
L’ambiance s’en ressentait, on chantait et dansait pour se réchauffer plus que par réelle conviction.
La seconde partie du match débutait avec l’entrée en jeu de l’éternel espoir et néanmoins chouchou du parc, j’ai nommé Selim Benachour. Son impact fut assez remarquable, la rencontre devenant beaucoup plus agréable à voir bien qu’à 2 minutes du terme le score fut toujours de 2 buts à 0 en faveur des visiteurs.

C’est ce moment que choisit Gabriel Heinze pour tirer ce qui fut probablement son premier coup-franc direct depuis son enfance en Argentine. Et il fit bien, la magnifique trajectoire courbe du ballon finit par effleurer la barre transversale avant de se frotter aux filets du but.
L’atmosphère en tribune devint difficile à comprendre. Tout le monde exulta alors que la situation n’était toujours pas favorable. Je me rappelle encore très bien entendre l’ensemble du stade se mettre à suivre les chants initiés dans les virages. Le niveau sonore était remarquablement haut, tellement haut qu’il n’y eut finalement que peu de changement lorsque deux minutes après la réduction du score les filets troyens tremblèrent à nouveau (suite à une frappe contrée du grand Juampi) pour envoyer les équipes en prolongations.

Il n’y avait alors guère plus de 20.000 spectateurs au stade en ce jour mais l’ambiance atteignit un sommet rarement dépassé à ma connaissance. Plus personne ne prêtait attention à la pelouse, tout le monde étant trop occupé à attraper son voisin pour chanter et sauter avec lui.
Personne n’entendit le coup de sifflet final, personne ne profita de la pause pour aller à la buvette ou aux toilettes, personne ne s’arrêta de crier…
Les joueurs avaient repris leurs ébats que l’adrénaline parcourait encore nos veines. Certains commençaient seulement à rouvrir les yeux lorsque Pauleta inscrit le but victorieux et nous replongea dans la folie jusqu’à la fin définitive du match…

Le Paris Saint-Germain venait d’éliminer difficilement un club de ligue 2, à domicile, au premier tour de la coupe de France.
Anodin pour beaucoup de monde mais inoubliable pour ceux qui l’ont vécu.

C’est avec une énergie hors du commun que je pris la route de nuit pour rallier Saint-Etienne. Seul dans ma voiture, je tentais de conserver cette furie active dans mon esprit (tout en prenant soin d’éviter tout accident routier).
     Je venais d’être témoin privilégié d’un match exceptionnel et surtout j’avais enfin pu confirmer de mes propres yeux, la naissance de mon idole.

jeudi 1 décembre 2011

Le premier souvenir

     A tout seigneur, tout honneur, voici une description succinte de ma première fois. Et ça n'a pas été du tout douloureux...

Paris, 25 mars 1992

           J’allais bientôt fêter mes 10 ans lorsque j’ai pu voir un match de football professionnel en vrai. Dans un vrai stade, pas dans le salon. Sans les commentaires mais avec le bruit de la foule. Sans les publicités mais avec un show à la mi-temps. Sans ralenti mais avec plus de 40000 autres paires d’yeux.
Bien entendu cette sortie était effectuée avec mon père, également amateur de football mais beaucoup plus intéressé lorsque cela se déroule depuis son salon que depuis une tribune. Vous me direz que même dans ces conditions, 10 ans d’attente peuvent sembler longs. Mais admettons également que bien qu’étant « parisiens », le voyage de la maison au stade représentait bien 2h de trajet…
De plus, il faut dire que je n’insistais pas pour aller voir un match du Paris SG non plus. Etant déjà adepte de l’originalité (de la lute contre le football business?) à cet âge là, je m’étais convaincu que supporter un club qui gagne et qui a déjà beaucoup de supporters, n’était pas assez original. Bien au contraire, je trouvais plus intéressant de ne pas les aimer du tout. Exit donc Marseille et Paris qui dominaient alors très nettement les compétitions nationales.
Pas idéal cependant lorsque tous tes camarades et équipiers décident de faire les équipes en mettant les « parisiens » d’un coté et les « marseillais » de l’autre…

Le stade justement parlons-en. Je ne le savais bien entendu pas encore mais il s’agissait de la première de très nombreuses visites que j’ai depuis effectué au Parc des Princes. Pour moi, l’approche du stade depuis la porte de Saint-Cloud est toujours particulière. Mais ce jour la, je restai tout simplement ébahi.


Ebahi par les dimensions de l’enceinte auxquelles je ne m’attendais pas. Une rapide recherche internet fournit les données suivantes : 77 000 m³ de béton et 7000 tonnes d'acier, forme elliptique (grand axe de 251,50m et petit axe de 191m), toiture culminant à 50m de haut… Qu’importe les chiffres officiels ! Pour moi c’était tout simplement le plus grands des géants de béton ! Une structure gigantesque !
Ebahi également par le grouillement de la rue dans les minutes précédant un match : vendeurs d’écharpes, de sandwichs, de tickets même, les forces de l’ordre en nombre jusqu’ici jamais vu de ma vie, et bien entendu la foule de spectateurs se dirigeant tous dans une même directions tels une armée en marche.
Quelques minutes plus tard, j’étais entré. Et là mon premier sentiment fut d’avoir le vertige… Le degré d’inclinaison des tribunes paraissait exceptionnel à l’enfant de 10 ans que j’étais alors et l’est toujours pour le quasi-trentenaire qui a depuis visité bien d’autres stades. La pente très raide était une des volontés claires de l’architecte afin que tout spectateur se trouve a moins de 45m de la ligne de touche la plus proche, assurant une très bonne visibilité quelque soit son positionnement. Comme mes futures expériences me le prouveront, ca marche.
Une fois le vertige calmé, j’ai enfin pu jeter un œil en direction de la pelouse sans avoir peur de tomber dans le vide. Mes yeux furent tout d’abord surpris devoir des points guerre plus grands que des fourmis s’agiter sur la pelouse. Je fus déçu de ne pas mieux voir les stars que j’étais venu voir. La comparaison avec la plupart des autres stades visites par la suite donnera raison a l’architecte néanmoins j’ai d’abord été déçu.
Concernant le déroulement du match ou même l’ambiance, pour être honnête, je n’ai pas beaucoup de souvenirs… Je n’avais pas encore 10 ans après tout… Je suis tout de même capable de me remémorer les équipes présentes (France et Belgique), le score final (3-3, ca avait l’air bien ce match pourtant !) et surtout, une image figée d’un homme essayant de jouer au foot la tête en bas.
Cette image c’est celle du but égalisateur de la star française de l’époque dans les dernières minutes du match : un ciseau retourne acrobatique de Jean-Pierre Papin en plein cœur de la surface de réparation adverse.
Près de vingt ans plus tard, je rêve toujours de placer ce mouvement délicat en match officiel… Il ne faut pas se mentir, mes chances s’amenuisent à mesure que mon corps vieillit…
(Ndlr : mes chances se sont maintenant entièrement évaporées suite à une double rupture des ligaments croisés du genou réussies en moins d’un an. Ronaldo, je t’ai compris.)