Bienvenue!

Bienvenue à tous sur mon petit cahier numérique, un peu autobiographique, au cours duquel je vais vous décrire certaines journées de mon existence. Le seul point commun entre toutes ces journées: ma présence dans un stade.


Bonne lecture et n'hésitez pas à me commenter et/ou me contacter!

mardi 24 juillet 2012

This is England



C’était mon premier séjour en Angleterre depuis que je n’y habitais plus. J’étais là pour célébrer pendant 3 jours le départ d’une de mes meilleures amies qui à son tour après de longues années chez les roastbeefs, retournait vivre sa vie en France.
Cependant, j’avais parfaitement planifié mon timing pour me permettre de faire un pas de plus en avant dans mon tour des stades de football professionnels londoniens. L’étape du jour me mena dans les bas-fonds de la first division (troisième échelon professionnel), à Victoria Road, antre de Dagenham & Redbridge.
Historiquement, ce club n’est pas grand-chose : né en 1992 de la fusion de 2 clubs eux même nés de la fusion d’autres clubs locaux… Ils atteignent cette année le plus haut niveau de leur courte histoire mais à l’heure du coup d’envoi se trouvaient en position de premier relégable, un point derrière Notts County, leur adversaire du jour.

L’après midi débuta - pour moi et mon acolyte séjournant habituellement le samedi parmi les Magic Fans stéphanois – à  Liverpool Street Station où nous espérions rejoindre un ami anglais avant de monter dans le train filant vers l’est. Mal remis d’une soirée trop arrosée la veille, il ne se montra jamais, mais cela nous laissa le temps d’apprécier la vague multicolore qui déferle sur une des plus grande gare de la ville à quelques heures du traditionnel coup d’envoi du samedi après-midi sur de nombreuses pelouses de la ville. Tous les supporters « extérieurs » se rendant en visite dans un stade de la capitale se croisaient dans cette gare. La variété des couleurs de maillots présentés avait de quoi perturbé aisément des yeux daltoniens…
La deuxième étape nous mena à Romford où je retrouvais un ancien collègue pour quelques pintes de mise en appétit. Celui-ci étant un véritable East London Cockney Boy, me confirma qu’il ne valait mieux pas trainer dans le quartier de Dagenham à la nuit tombée, celui-ci n’étant pas réputé pour son ordre et son chic nocturne. On ne trainera donc pas au coup de sifflet final…



L’apéritif nous mit bien entendu en retard sur l’heure d’arrivée prévue à Victoria Road Stadium qui se trouvait coincé au milieu d’un bloc de maisons pas très reluisant… Le coup d’envoi avait déjà été donné, la billetterie etait fermée, et ce fut donc au pub servant de club-house aux Daggers que je récupèrai mes billets.
Entrée au stade en cours de match, nous nous fîmes discrets et nous nous assîmes là où nos billets commandés un peu au hasard nous dictaient d’aller : en tribune latérale « Carling ». L’alcool n’est plus servi dans les stades professionnels anglais depuis quelques temps mais les commerciaux savent toujours bien se placer.

Le match se déroulait sous nos yeux et les premières impressions ne tardèrent pas :
Dans la tribune, l’ambiance était très calme, celle-ci étant majoritairement composée d’anciens, peu réactifs. La tribune visiteur etait garnie à moitié, la latérale opposée semblait également calme. En revanche, un peu d’agitation semblait venir de la « Bury Road End » qui était à ma grande surprise une « stand » à l’ancienne, sans sièges. En effet la législation britannique oblige uniquement les clubs des deux premières divisions à n’avoir que des places assises dans leur stade.
Sur le terrain, les 22 joueurs me confirmèrent ce que j’avais déjà remarqué auparavant : il y a un gouffre au niveau technique entre la premier league et les « lower leagues ». Le kick & rush est toujours vivant et mieux vaut être bâti comme Jan Koller que comme Lionel Messi… L’ouverture du score des Daggers fut d’ailleurs parlante : longue balle en cloche sur l’aile droite de la part du défenseur central, reprise de volée par l’ailier pour un centre en cloche dans les six mètres repris faiblement du plat du pied par l’avant-centre mais assez puissamment au goût du gardien adverse qui décida de laisser passer.
Un homme chez les Daggers cumulait ce jour-là la somme des notes techniques fournies dans championship manager pour tous ses coéquipiers. Après enquête, il se nomme Danny Green et était alors un jeune milieu de terrain anglais agréable à voir jouer. Il était ce jour là l’auteur de deux buts, un très beau coup-franc suivi d’un penalty, et semblait également être le seul joueur à être capable de réussir un contrôle enchaîné d’une passe correcte. On en était à 3-0 à la mi-temps et il avait fallu pour ça 3 occasions de but seulement. En prime un défenseur central adverse avait été expulsé. Game over.
De l’autre coté, celui que l’on avait le plus remarqué était l’avant centre (au profil de Jan Koller) qui se distinguait par un bon jeu de tête, un mauvais jeu de pieds et surtout un jeu de lèvres brillant. Il passa tout le match à vociférer après tout le monde : gardien adverse, défenseurs, arbitres mais également ses coéquipiers et son entraineur. Après enquête, il s’agissait de Lee Hughes, capitaine en fin de carrière et ayant déjà fait plusieurs passages en prison.



La mi-temps venue, faute de bières, on visita la boutique du club et ses produits dérivés au design très discutable, même pour un daltonien. On en profita également pour se faufiler au cœur de la « Bury Road End » exposée plein sud sous un magnifique soleil et relativement plus vivante que les autres tribunes.
Si le match devint ensuite ennuyeux, juste un but de consolation à se mettre sous la dent pour Notts County pour un score final de 3-1, l’activité en tribune se développa.
La tribune en question, très populaire, est entièrement composée de familles du quartier dont aucun membre ne sera jamais un grand cerveau de ce monde. L’accent east londonien plus le vocabulaire populo-footballistique est un mélange pouvant aisément choquer les plus sensibles, surtout lorsque cela provient d’une vieille dame ou d’une petite fille d’à peine 10 ans…
Le spectacle sur le terrain ne les passionnant guère ils se rabattaient sur leurs téléphones portables pour se tenir au courant de la déroute du voisin West Ham à Bolton ce jour-là.
La plupart d’entre eux sont également supporters de West Ham United, celui-ci étant le « grand » club de la banlieue est, mais souhaitaient vivement leur relégation à la fin de l’année afin de pouvoir se délecter d’au moins deux oppositions face à leurs meilleurs amis de Millwall la saison suivante en Championship… (la fin de championnat leur donna raison, il y aura bien deux oppositions à très haut risque l’an prochain)

Le match s’acheva et comme conseillé, nous ne trainâmes pas et rejoignîmes rapidement le centre de Londres tout en rediscutant de cette plongée dans l’Angleterre profonde aussi bien au niveau social que sportif.

This is England.