Manchester, 3 décembre 2008
Durant
mes 6 années de vie en Angleterre, mon équipe favorite a traversé trois fois la
Manche pour disputer des rencontres face à des équipes britanniques. Je n’ai
raté aucune de ces occasions.
Deux
d’entre elles consistaient en un tournoi amical et estival disputé dans le fief
d’Arsenal, à l’Emirates Stadium. Des billets pas trop chers et disponibles
facilement, un déplacement court et facile ainsi qu’une programmation en
journée le weekend rendait la tâche relativement facile.
Leur
troisième venue allait s’avérer beaucoup plus épique.
En
cette saison 2008-2009 le Paris Saint-Germain dispute l’Europa league et se
retrouve dans le groupe éliminatoire de Manchester City, équipe fraîchement
racheté par un Cheick multimilliardaire et donc en train de débuter sa montée
vers les sommets.
La
cinquième journée de cette phase de poule allait voir les sky blues recevoir
les parisiens dans leur City of Manchester Stadium.
Les
obstacles pour moi, étaient les suivants :
·
Impossibilité de m’inscrire avec les supporters
parisiens en déplacement puisque je n’étais abonné nulle part et n’avait aucune
relation assez influente pour forcer mon inscription,
·
Mise en vente des billets par le club ne Manchester
city uniquement aux titulaires de la carte officielle de fan du club,
·
La programmation du match se déroulant à
Manchester, environ 400km de Londres, un jeudi soir alors que je ne pouvais
plus me permettre de prendre de congés en cette fin d’année.
Une à une, j’allais
déjouer les embûches dressées sur mon chemin.
Tout d’abord,
je fus contraint de payer pour m’enregistrer en tant que supporter officiel de
Manchester City (bizarrement, numéro soixante mille et quelques seulement),
afin de pouvoir accéder à la page de réservation de billets pour des rencontres
du club.
Ensuite, je
pus une nouvelle fois activer mon compte en banque pour m’offrir deux tickets
pour le match de Paris. La bonne nouvelle étant que la possibilité était donnée
de choisir ma place au siège près, et j’optai donc pour une paire de siège
ayant pour voisin la « visiting supporters area » où étaient attendus
les fans parisiens.
La prochaine
étape consistait à organiser le voyage. Encore une fois ma chère femme accepta,
malgré son manque d’enthousiasme flagrant pour le football, de m’accompagner
dans ce séjour pseudo-touristique.
Le meilleur compromis
fut trouvé en réservant des billets sur la seule ligne de train efficace du
pays pour effectuer le voyage aller en fin d’après-midi le jour du match, puis
de repartir au milieu de la nuit en bus afin d’être à Londres assez tôt pour
embaucher à l’heure habituelle. Et tout ceci sans avoir à supplier mon patron
pour obtenir un jour de congé supplémentaire !
Tout était
près, il n’y avait plus qu’à embarquer, profiter du service à bord de notre
train, faire un rapide tour du centre ville mancunien, se réchauffer avec les
vins chauds du marché de noël et se remplir l’estomac avec des bradwurtz
typiquement allemandes…
La partie
touristique étant bouclée, il était temps pour nous de rejoindre le stade situé
en banlieue via les bus locaux, déjà remplis de supporters bleu ciels.
Nous
pénétrâmes dans le stade, moderne, sans signe particulier et donc sans saveur,
puis découvrîmes notre positionnement derrière les buts, juste à côté des
supporters visiteurs.
Juste à coté
était le mot exact sachant que seuls un filet de tennis installé à la va-vite
et un stadier tous les quatre rangées me séparaient du premier ultra parisien.
Cependant,
nous étions encerclés par de vrais fans de City, étrangement placés juste à
coté de l’emplacement visiteurs. Pas de soucis ici (ou presque) puisqu’il
n’existait aucun contentieux entre les deux clubs et que la rencontre n’était
pas sujet à l’embrasement des foules. En revanche, je me demande si le
dispositif de sécurité est identique lorsque les voisins de United se déplacent
ici…
La rencontre
était déjà des plus soporifiques, mais la température largement en dessous de
zéro degrés la rendit complètement anesthésiante ! Les supporters de tous
bords autour de nous partageaient clairement cette opinion.
A l’exception
de quelques chants traditionnels coté visiteurs et de quelques démonstrations
de vulgarité verbale ou gestuelle coté mancunien.
Deux sujets de
discussion occupaient cependant notre frigorifique soirée.
Premièrement,
ma chère femme craignant à juste titre le froid lorsque l’on reste deux heures
debout sans bouger et que l’air est gelé, se trouvait parfaitement emmitouflée
sous d’innombrables épaisseurs de tissus incluant une écharpe remontée
jusqu’aux yeux et un bonnet redescendu jusqu’aux même organes.
Ceci n’était
pas du goût de la sécurité britannique qui lui demanda à plusieurs reprises de
découvrir un peu plus son visage sans lui donner de raison valable. Mon soupçon
concernant la cause de ces demandes fût
confirmé par les mancuniens qui avaient assisté à la scène.
Les stades
britanniques sont aujourd’hui tous intégralement épiés par de multiples
caméras. Le règlement intérieur de ceux-ci stipule clairement que le visage des
spectateurs doit à tout moment être en mesure d’être identifié par ces caméras
de surveillance. Même en cas de météo polaire…
Le deuxième
sujet de discussion concernait notre présence étrangère dans un gradin
populaire de Manchester City. Les réactions à ce sujet furent variées.
Les plus
anciens venaient nous saluer pour notre courage d’avoir bravé les éléments pour
être ici (travail, trajet, météo, match inintéressant sur le papier et dans les
faits : nul sans but).
Les plus
jeunes et souvent les plus écervelés, passèrent leur temps à nous gratifier de
leurs plus belles injures toutes basées sur le fameux ‘F word’. Ceci sans
jamais se montrer menaçant physiquement probablement grâce à la présence
salvatrice à mes cotés d’une femme innocente…
Le supplice
imposé par la rencontre terminé, il fut plus que temps de retourner en ville
pour s’offrir nourriture et boissons chaudes afin de compenser les nombreuses
calories perdues à garder le fonctionnement de nos organes vitaux intact
pendant la durée du match.
Le problème
était que même sans aucune fourniture à l’effigie du club parisien, nous fûmes
trahis par nos papiers d’identité, si ce n’est par notre accent, lorsque les
videurs de pubs nous demandaient une preuve de notre âge.
Le résultat
était simple, deux refus d’entrer dans des pubs, couplés au froid, à notre faim
et notre volonté de ne pas trop s’éloigner de la gare routière, firent que nous
finîmes notre soirée au Burger King local, qui accepta de nous servir un repas
chaud sans discrimination due à notre nationalité.
Quelques
burgers et frites plus tard, il fut temps de rejoindre le bus qui allait nous
reconduire vers la capitale avant le lever du soleil.
Le voyage fut
plus ou moins reposant (plus pour moi) et me permis d’être à l’heure sur mon
chantier sans trop souffrir de la fatigue. J’avais réussi à boucler sans
dommage mon voyage express à Manchester !
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