Afin de remercier chaleureusement mon premier lecteur et commentateur, j'ai décider de vous publier aujourd'hui une journée que j'ai partagée avec lui. Et c'est peu dire que c'était folklorique...
Munich, 4 octobre 2003
En
ce début d’octobre, quelques amis et moi nous rendons pour la première
fois en terre allemande avec pour but premier de découvrir un des évènements
non sportif le plus populaire du monde : l’Oktoberfest (tout juste
derrière le carnaval de Rio en ce qui concerne la fréquentation annuelle).
Un
objectif secondaire du séjour était pour moi d’aller visiter un monument de
l’histoire du football, quelques mois avant sa disparition définitive. Comme
mes compagnons marseillais étaient eux-mêmes très intéressés de mener ce
pèlerinage vers le stade qui les a vus être sacrés champions d’Europe dix ans
plus tôt, nous nous mîmes dans l’esprit de sacrifier un morceau de notre
weekend pour aller voir ce monument en péril.
L’Olympiastadion n’avait
alors plus que quelques mois à vivre au regard de son activité footballistique.
Il allait en effet être suppléé un an plus tard par une Allianz Arena flambante
neuve dans le cadre de la coupe du monde qu’allait bientôt accueillir
l’Allemagne.
Le
stade avait été conçu pour les Jeux Olympiques de 1972 qu’accueillait la ville
bavaroise. Il était alors considéré comme révolutionnaire avec sa toiture de
verre courbe soutenue par des câbles métalliques rappelant vaguement les
sommets alpins.
Mon
avis est qu’il s’agissait alors d’un des plus beaux stades du monde, et ce
malgré sa configuration « olympique » (piste d’athlétisme éloignant
considérablement les supporters de l’action footballistique).
Deux
équipes munichoises évoluaient alors en Bundesliga, le modeste Munich 1860 et
le Bayern Munich, beaucoup plus tape-à-l’œil. Les deux clubs se partageaient le
stade olympique, et donc le calendrier offrait une rencontre à domicile chaque
weekend pour un des deux clubs bavarois.
Le
calendrier nous proposait donc un Bayern Munich recevant le Herta Berlin pour
le samedi après-midi.
Nous
essayâmes durant nos deux premières journées sur place de dénicher des
informations concernant la vente de billets pour ce match mais une des raisons
suivantes nous fît échouer dans notre quête :
a) problème de communication en langage allemand
(bien que j’eus un jour tenté de maîtriser la langue de Gœthe),
b) manque de supporters conciliants du Bayern
comparé à ceux du 1860 dans la population locale,
c) alcoolémie excessive des interlocuteurs.
Nous décidions
alors de tenter notre chance directement au stade, le jour du match.
Après un
apéritif dégusté sous la tente Löwenbraü, nous prenions la direction du parc
olympique au fond duquel se trouvaient le stade et sa billetterie.
La traversée
du parc nous permis de découvrir d’autres anciens sites olympiques mais
également un terrain de football très particulier : pausé sur le flanc
d’une colline avec des lignes ondulées et quelques arbres répartis sur sa
surface. Notre conclusion fût que nous avions affaire à une œuvre
footbalistico-artistique qui ne devait pas être foulée par beaucoup de crampons…
La chance
était de notre coté puisqu’en arrivant au guichet des sésames bon marché pour
un accès en tribune latérale s’offraient à nous.
La configuration
de ce stade est très particulière. Outre sa localisation en plein milieu
d’espaces verts et son architecture originale, celui-ci ne jaillissait pas de
la terre comme la plupart des monuments célèbres. Au contraire,
l’Olympiastadion lui s’enfonçait sous
terre, seule sa toiture dépassait du plancher sur lequel nous marchions.
Une coursive
parcourait le sommet des tribunes et donnait accès aux gradins. Aucun mur,
barrière ou division de quelque sorte n’existait pour cloisonner les
différentes zones des tribunes. Juste un agent en haut de chaque escalier pour
vérifier que vous descendez au bon endroit.
Nous avons
donc assisté à la première mi-temps depuis nos sièges en tribune latérale,
entourés de supporters allemands venus en famille passer une après-midi au
soleil.
Cependant,
nous avions remarqué qu’une petite troupe de supporters ultras s’agitaient en
bas de la tribune située derrière un but tandis que le virage opposé était lui
réservé aux très nombreux fans visiteurs.
Après 45
minutes notre curiosité avait été suffisamment aiguisée. Nous profitions alors
de la pause et de l’absence de frontière entre les tribunes pour aller rendre
visite aux ultras bavarois pour partager ensemble le second acte.
Nous nous
rendîmes rapidement compte que le noyau dur du groupe était relativement réduit
et qu’ils étaient équipés d’une bonne quantité de matériel (drapeaux,
étendards…) sans qu’il y ait assez de volontaires pour les agiter.
Nous décidions
de nous porter discrètement volontaires en nous infiltrant petit-à-petit au
sein du noyau du groupe. Notre progression fût pénible, notamment à cause de ma
tenue vestimentaire.
En effet, à
cette époque ma garde robe était très majoritairement composée de maillots de
football de tous pays. Le rituel d’habillage consistait à en piocher un
aléatoirement dans la pile pour m’accompagner toute la journée. Ce matin là, le
sort avait désigné une belle tenue à rayures verticales bleues et blanches, la
tenue domicile du FC Porto.
Malheureusement,
la tenue ressemblait à s’y méprendre au maillot porté aujourd’hui par l’équipe
visiteuse du Herta Berlin, provoquant au mieux des regards suspicieux de la
part des gens autour de moi, et au pire des remarques verbales probablement
très désagréables de la part des plus acharnés.
Une fois
installés au cœur de l’action ultra, nous décidâmes de mettre toute notre
énergie à pousser les joueurs locaux : chants (approximatifs), gestuelles,
agitation de drapeaux…
Nos efforts ne
furent pas vains puisque le Bayern profita de la deuxième mi-temps pour s’imposer
largement face aux berlinois.
Une vaine
tentative de quitter le stade discrètement avec un souvenir présentant la forme
d’un deux-mâts peint aux couleurs du club avait presque aboutit lorsque je fus
rattrapé en haut de l’escalier par un des leaders du groupe vociférant quelque
chose probablement très menaçant.
Une petite
échauffourée plus tard, l’étendard retrouvait son propriétaire original et nous
nous redirigions vers la tente d’un brasseur bavarois pour poursuivre notre
dégustation, la tête pleine de bons souvenirs concernant un stade mythique.
C’est ça l’esprit de l’Oktoberfest football !