Clermont-Ferrand, 18 novembre 2003
En début d’hiver, les rencontres à enjeu sont très rares. Les équipes nationales sont au repos, les compétitions européennes n’ont pas encore atteint les étapes intéressantes, les championnats sont encore loin de leur climax.
La seule lueur dans ce triste mois de novembre venait en cette année 2003 de
matchs de barrage qualificatifs pour l’euro espoir (joueurs de moins de 22 ans)
de l’été suivant. En quoi ceci est-t-il passionnant?
Trois
raisons à cela :
-
ces barrages sont également qualificatifs pour les jeux olympiques
d’Athènes, compétition majeure pour les joueurs de moins de cet âge,
-
les deux équipes impliquées dans ce barrage présentaient ce que
beaucoup de gens appellent une génération dorée avec quelques joueurs ayant
déjà évolué en équipe nationale A, rappelés chez les espoirs pour l’occasion,
-
le match retour devait se disputer à Clermont-Ferrand, soit la
possibilité de visiter un nouveau stade, à moins de 2 heures de route de mon domicile
stéphanois.
Quelques jours de lobbying auprès de mes camarades (notamment un
propriétaire d’une voiture capable de nous emmener à destination) et nous voici
dès la fin des cours, sur la route de la capitale auvergnate.
Le synopsis était le suivant : l’équipe de France espoir
revenait d’un match aller au Portugal avec une brillante victoire 2 buts à 1 en
poche.
Des joueurs comme Philippe Mexes, Djibril Cisse, Patrice Evra ou
Cristiano Ronaldo coté portugais ont alors mis de coté un match amical avec les
seniors pour assurer la qualification des espoirs pour les prochaines
échéances.
Le stade Gabriel Montpied n’était doté que de 2 grandes tribunes latérales, sans aucun
virage ou moyen pour le public de mettre un peu plus de pression sur le gardien
adverse. Le théâtre de la rencontre était cependant plein et l’ambiance très
animée pour un match de cet ordre.
Sur le terrain les choses ont très vite pris une tournure
nerveuse. Les portugais prirent rapidement l’avantage au score alors que les
fautes se multiplièrent et les cartons commençaient à sortir facilement de la
poche de l’arbitre.
Les visiteurs doublèrent la mise avant que Djibril Cissé ne
réduise la marque de manière rageuse. Les équipes se trouvaient alors dos-à-dos
sur l’ensemble des deux rencontres et la tension ne faisait qu’augmenter sur le
terrain comme en tribune.
De manière prévisible, une petite bagarre générale impliquant
joueurs et staff technique finit par se déclencher à l’autre bout du terrain, à
la fin de laquelle le buteur français se fit expulser (suspendu 4 matchs, il
fut privé de l’Euro seniors disputé en 2004 … au Portugal) et quelques autres
joueurs avertir.
Le public, comme traditionnellement en France pour des matchs de
sélection était beaucoup plus enclin à réagir à l’action se déroulant sur le
terrain qu’à anticiper avec des encouragements continus.
Le scénario de la rencontre venait pour une fois justifier cette
attitude. La tension ambiante empêchant réellement toute prise d’initiative
détachée de ce qui se passait sous nos yeux.
Les prolongations auraient fait une très mauvaise publicité pour
le football à une personne extérieure prenant la rencontre en cours. Les deux
équipes ne voulaient plus prendre de risque et annihilaient rapidement toute
tentative d’offensive par de l’antijeu si nécessaire.
Les tirs au but devenus inéluctables étaient finalement là. La
première tentative fût déjà un fait de jeu. Nicolas Penneteau le gardien
tricolore stoppa la tentative portugaise avant que l’arbitre n’ordonne de le
retirer, jugeant que le portier avait quitté sa ligne de but trop tôt.
Bien évidemment, le lusitanien ne laissa pas passer sa 2e
chance. Au contraire, le premier tireur français, Mexes, vit sa tentative
repoussée.
Evra allait quant à lui manquer le cadre alors que les portugais
allaient toucher le fond des filets à chaque tentative.
La messe était dite, les portugais verraient l’euro et les jeux
olympiques, la France non.
Nous reprîmes tristement la route vers Saint-Etienne, refaisant le
match durant tout le trajet, mettant en cause un arbitrage sans doute
défaillant, jusqu’à finalement qualifier cette élimination de scandale.
Une courte nuit plus tard, les medias nous apprirent que la soirée
ne s’était pas terminée avec notre départ de Clermont-Ferrand.
Les portugais avaient semble-t-il un peu trop laissé exploser
leur joie à leur retour aux vestiaires, ravageant tout le matériel s’y
trouvant, jusqu’à la présence de trous dans le plafond.
L’UEFA ouvrira une enquête concernant l’attitude des deux équipes
sur les bancs de touche et dans les vestiaires.
Le mot de la fin (plus tard
sanctionné financièrement par l’UEFA) revient à celui qui entraînait alors
cette équipe espoir, j’ai nommé Raymond Domenech : « Une fois de
plus, nous avons connu des problèmes avec l’arbitrage ».
Un scandale je vous dis.