Vérone, 10 avril 2012
Trois jours
après ma plutôt triste découverte du championnat italien, était prévue une
deuxième incursion.
Le théâtre était le stadio Marc'Angelo Bentegodi de
Vérone et la représentation voyait le Chievo Verone affronter le grand Milan
AC.
J’avais cette fois-ci décidé
d’effectuer seul le déplacement, pensant judicieusement qu’infliger à ma femme
un second match en une demi-semaine serait une mauvaise idée. Mon fils
resterait également en retrait cette fois-ci, le match se déroulant à un
horaire où il est à cet âge supposé dormir dans son lit.
Je pris le volant de ma rutilante
voiture italienne en fin d’après-midi et profitait du très agréable mariage
entre le GPS et le régulateur de vitesse sur les 150km d’autoroute qui me
séparaient de ma destination.
J’arrivai dans les environs du
stade avec une belle avance sur l’horaire fixé pour le coup d’envoi mais me fis
une belle frayeur lorsque la réserve de carburant se mit à crier et que toutes
les stations services de la ville avaient à la fois leurs guichets fermés et
des machines refusant ma carte bleue… Cinq stations services et une machine
automatique acceptant le liquide plus tard, je me parquais dans une ruelle que
j’estimais d’après les souvenirs qu’il me restait de la lecture du plan de la
ville, être à un bon kilomètre du stade. L’horloge indiquait alors coup d’envoi
moins quinze minutes.
Déterminé à ne pas manquer les
festivités liées à l’entrée des joueurs et au coup d’envoi, je marchai
rapidement en direction du stade tout en dévorant le sandwich qui me servait de
diner.
Deux cent mètres (seulement) et 3
bouchées plus loin, je découvris à l’angle d’une rue l’énorme stade à la belle
courbe ovale, qui occupait l’emplacement complet d’un pâté de maison.
L’effet visuel était comparable à
celui que l’on ressent en découvrant le Parc des Princes pour la première
fois : on peut sentir ou entendre la proximité de celui-ci à une certaine
distance mais on ne peut le voir qu’une fois qu’on se retrouve à son pied. Il
s’agissait un vrai stade urbain, camouflé dans son entourage.
La récupération de mon ticket se
fit une nouvelle fois sans encombre mais non sans sourire puisque l’agent en
service à mon guichet, voyant ma carte d’identité française voulu me confier
l’enveloppe des réservations faites au nom du seul français qu’il n’avait
jamais du croiser près de ce stade, Cyril Théréau, attaquant du club local.
Une fois la confusion réglée
grâce à ma belle maîtrise de la langue italo-espagnole, je pus m’installer dans
la grande file d’attente donnant accès à la curva sud où je devais passer la
soirée.
Encore une fois, à ma grande
surprise, la queue était due à la fastidieuse vérification des papiers
d’identité de chaque entrant plutôt qu’à une fouille méthodique de ceux-ci.
Quelques minutes plus tard, je pu apprécier l’absence totale de personnel pour
une éventuelle fouille…
Le moment était alors venu de
gravir les marches me menant à la tribune inférieure du virage (si, ici il faut
monter pour aller en bas). Ma première impression fut la même que celle me
saisissant lorsque je pénètre dans un stade en configuration olympique :
« que le terrain me semble loin ! ». En effet, cette embêtante
piste d’athlétisme faisait que les deux virages se trouvaient séparés de près
de deux cent mètres…
La deuxième impression fut plus
positive, puisque je découvris que le stade était couvert, me protégeant de la
pluie qui recommençait à tomber…
Je m’installais immédiatement
debout juste derrière le groupe qui m’avait immédiatement semblé être celui des
ultras locaux, puisqu’ils brandissaient quelques drapeaux et usaient de leur
voix en cœur.
Le groupe comprenait une centaine
de personnes actives (plus moi) chantant et gesticulant à intervalles réguliers
parmi le virage aux trois quarts pleins. Je compris rapidement que le stade
était majoritairement rempli par des supporters milanistes, puisque même au
sein de la tribune allouée aux ultras locaux, il n’était pas rare de croiser
une famille habillée de maillot rossoneros.
A l’autre bout du stade, quatre à
cinq mille ultras avaient fait le cours déplacement depuis Milan et
remplissaient totalement la curva nord.
L’entrée des joueurs se passa
sans animation particulière de notre coté mais avec un basique tendu d’écharpes
coté milanais qui confirma l’impression de surnombre en faveur des supporters
visiteurs.
Durant tout le match, les joueurs
locaux eurent la main mise sur la rencontre mais ne parvinrent jamais à
concrétiser leur domination. Ceci permit à mon petit groupe de supporters de ne
jamais perdre espoir et de toujours continuer à encourager les joueurs bleus et
jaunes.
Les chants et gestuelles étaient
quasiment tous des grands classiques de la mouvance ultra, ce qui me permit de
ne pas passer pour un touriste au sein du groupe. Un mat au bout duquel était
empalée une tête de cochon circulait gaiement en tribune, suscitant de
véhéments slogans dont la seule partie compréhensible était le destinataire.
Le grand avant-centre suédois au
longs nez cheveux avait semble-t-il un passif négatif avec les
supporters véronais (tout comme avec le reste des supporters en Italie et
ailleurs), justifiant la symbolique de la tête de porc… Par ailleurs, il fut,
tout comme les autres joueurs offensifs du Milan, totalement absent et inutile
au déroulement de la rencontre. Une performance digne d’un DNP (« Did Not
Play ») dans les statistiques NBA.
L’unique but du match inscrit par
Sulley Muntari en milieu de première
mi-temps me permit d’établir un ratio assez précis sur la proportion de
supporters milanais présents dans le stade: 80% environ, ce qui réduisait le
nombre de fans du club évoluant à domicile à moins de cinq mille personnes…
Les gestuelles et les chants
continuèrent jusqu’à ce qu’à dix minutes de la fin de la rencontre, comprenant
que la rencontre était dans une impasse, je m’éclipsai pour pouvoir sortir du
quartier avant que les milliers de voitures garées sauvagement ne sèment la
panique en ville.
Je rejoignis alors ma famille en
réévaluant à la hausse mon impression concernant le calcio tout en ne l’enviant
guère plus que je n’envie la majorité des supporters de la ligue 1 française.
La qualité de jeu ne semble pas plus élevée et l’animation en tribunes peu
enviable au regard des deux stades visités.
L’objectif était tout de même
rempli, j’avais découvert la série A, ‘era mi calcio experienza !
Note 1 : Une discussion
ultérieure avec des italiens m’apprit que le peu de support envers le Chievo
était du à l’histoire trop récente de celui-ci et à la concurrence de
l’historique club du Hellas Verona, ayant bénéficiant d’une affluence moyenne
quasiment comparable à celle du Chievo bien qu’évoluant deux divisions plus bas
que celui-ci.
Note 2 : Les puristes
apprécieront le fait que Genaro Gattuso dit ‘le chien fou’ soit sorti sur
blessure en début de deuxième mi-temps, suite à un tacle très glissé et très
appuyé qu’il avait lui-même exécuté…
La fameuse tête de cochon! |