Enfin un peu d'exotisme! Pour la
première fois de ma vie, je quitte l'Europe avec mon amoureuse, et c'est pour
aller visiter un des pays les plus dingues de football au monde! Argentina!
Bien entendu, le voyage n'ayant absolument pas été planifié sur des considérations
de ballon rond, je me rendais sur place sans aucun projet vis-à-vis du sport
préféré des sud-américains.
Sauf un. Aller voir la Bombonera.
L'antre du club populaire de Boca Juniors, club phare du pays et club de cœur
d'un légendaire petit monsieur nommé Diego Armando Maradona.
Étrangement, ce club m'a toujours
attiré. Peut-être est-ce grâce à ses couleurs chatoyantes (bleu et jaune vifs),
ses supporters déjantés (notamment "La Doce" un des groupes d'ultras
parmi les plus dingues du monde), les glorieux joueurs passé par ici (Maradona
bien sur mais de manière plus contemporaine, le génialissime Juan-Roman
Riquelme) ou probablement également grâce à ce stade atypique en forme de bonbonnière.
En tout cas je voulais aller voir ça de mes propres yeux.
Malheureusement, le mois de janvier
correspond au plein été dans l'hémisphère sud. C'est donc la période où toutes
les compétitions sportives sont en pause. Aucune rencontre de football
officielle ne sera donc organisée durant notre passage dans ce beau pays.
Malgré tout une journée de flâneries
dans le quartier multicolore de Boca était au programme de nos réjouissances. A
cette occasion, je ne pu résister à la tentation d'effectuer la visite
touristique du stade et de son musée. Même vide, même avec le son des
commentaires du guide, même en compagnie de touristes ignares, je fus impressionné.
Très impressionné même par la configuration des gradins, qui me rappelait énormément mon cher Parc des Princes avec un grand ciel bleu à la place de la
toiture précontrainte. Une capacité comparable (49 000 places), une acoustique
tout aussi réputée, et une inclinaison des tribunes tout aussi effrayante
faisaient que ce stade me paraissait familier.
Tristement cependant, je n'eus pas
l'occasion de le voir se remplir et de voir tout le monde guetter si ce soir El
Diego viendra s'asseoir sur le siège qui lui est réservé à vie... Un souvenir
matériel acheté à la boutique (un maillot vintage Boca Juniors 1984, floqué du
numéro 10, que j'ai depuis énormément usé...) et s'en fut fini de mes relations
avec le football argentin.
Enfin, c'est ce que je croyais.
Quelques jours plus tard, alors que nous en étions à notre dernier arrêt avant
un ultime retour à la capitale argentine, je découvris dans la presse locale de
la douce ville de Salta (1500km au nord-ouest de Buenos Aires, au pied des
montagnes andines et près des frontières chiliennes et péruviennes) qu'un
tournoi amical était organisé entre clubs professionnels dans le stade local.
Quelle chance!
Le soir même ma compagne et moi
étions assis dans le charmant Estadio Padre Ernesto Martearena (autrement appelé Estadio
Mundialista) pour assister à une rencontre de pré-saison entre deux des plus
grands clubs du pays, le Racing et River Plate, tous deux habituels résidents
de la capitale.
Estadio Padre Ernesto Martearena.
En me basant sur mes références
européennes en ce qui concerne les rencontres amicales estivales, je
n'attendais sincèrement pas grand chose de cette soirée, Je comparais cette
rencontre à un éventuel Paris SG - Créteil qui se disputerait à Toulouse au
début du mois d'août... J'avais tord.
La province et la ville de Salta
étant de manière surprenante dépourvue d'équipe jouant au plus haut niveau
national, la venue des grands clubs de Buenos Aires était un vrai événement.
Les 20 000 places du jeune stade (construit pour le championnat du monde des moins de 20 ans en 2001) trouvèrent toutes un preneur. J'étais l'un d'entre
eux, et je m'en souviendrai très longtemps. Mon accompagnatrice également, et
là est la plus grande surprise.
Les ultras des deux équipes avaient
fait le déplacement en nombre, remplissant chacun une bonne partie de leur
tribune respectives (fans qui auront parcouru 3000km en bus aller/retour pour
un match amical, rappelons-le).
Nous étions situés en tribune
latérale, tout près du groupe bleu ciel et blanc des supporters du Racing (au
passage, si le nom a bien été emprunté au club parisien en vogue au début du
vingtième siècle, les couleurs ne sont elles qu'une reprise de celles du
drapeau argentin). La distance nous séparant des ultras millionarios (ceux de
River Plate, club des quartiers riches de la capitale) altérait notre appréciation
visuelle de leurs animations mais certainement pas notre jugement sur leur
puissance vocale et le rythme infernal de leurs chants qui ne cessèrent de
toute la soirée.
Les racingmens n'étaient pas en
reste avec de nombreux chants très dansants et des animations visuelles
notamment à base de parapluies. Ceux-ci, aux couleurs du club bien sur, étaient
ouverts et agités dans tous les sens selon une chorégraphie pas toujours
maîtrisée. Cet accessoire du supporter ne m'était jusqu'alors pas connu mais le
résultat visuel était très agréable, bien que gâchant probablement la vue du
terrain pour beaucoup de ces supporters...
Las paraguas.
Sur le terrain la rencontre n'avait
rien d'amical. Conformément aux stéréotypes que l'on peut avoir sur le football
de la pampa, l'action mêlait des joueurs à la technique époustouflante et
d'autres qui n'avaient que leur terrible engagement physique à faire valoir.
Parmi les attaquants de River on trouvait alors un jeune colombien qui allait
faire parler de lui par la suite, Radamael Falcao. Cependant sur cette soirée
là il ne me laissa aucun souvenir. La rencontre fut plutôt ennuyeuse, comme un
match de pré-saison doit l'être, il fallut attendre les dix dernières minutes
pour voir le match se débrider avec un premier but sur penalty puis un autre au
terme d'une très belle contre-attaque des joueurs à la diagonale rouge. 2-0
pour River Plate, le jeune coach Diego Simeone semblait satisfait.
Si la performance des joueurs
n'était pas mémorable, celle des spectateurs l'était. Je n'ai simplement jamais
vu une telle atmosphère pour un match amical! Le travail des ultras était
vraiment remarquable concernant l'animation des tribunes. Tellement remarquable
en fait que même des années plus tard ma gentille accompagnatrice se souvient encore
des parapluies du Racing !
Bonus video: