C'est bien connu, l'Angleterre est
un pays humide. Il y pleut parfois. Mais les anglais y sont habitué et ne
changent pas leurs habitudes pour des considérations météorologiques. En ce
début d'année 2009, j'étais sur le point de le redécouvrir.
Ma compagne étant toulousaine
d'adoption, son cœur sportif bat bien plus pour les rugbymen que pour les
footballeurs. Cependant après 3 années de vie commune, je lui avais déjà
infligé quelques dures soirées consacrées au ballon rond. Il était temps de lui
rendre la pareille et d'organiser une belle sortie dédiée à la balle ovale.
Noël 2008 m'en donna l'occasion.
J'offris à madame (et à moi-même par cette occasion) un weekend tout compris
dans la province anglaise incluant une visite d'un stade pour une rencontre de
rugby disputée par son équipe favorite. Toulouse venait cette année disputer
une rencontre de coupe d'Europe de rugby dans la charmante ville de Bath, tout
près de la frontière galloise. La ville étant également d'un fort intérêt
touristique et historique, la décision d'organiser un weekend complet autour de
ce match fut rapidement prise.
Transport et hébergement ne
poseraient aucun problème. L'obtention de sésames pour ce match serait bien
plus compliquée. En effet, la demande pour les rencontres de rugby du club
local est très grande, et les places pour un match, qui plus est face à la
grande équipe de Toulouse, dures à obtenir. La seule disponibilité que je
trouvais étais une très onéreuse offre comprenant repas au Recreation Ground avec
les autres VIP, présentation des joueurs locaux, causerie du coach, places
assises en tribune d'honneur pour le match et invitation à participer aux
célébrations d'après-match! Rien que ça! Ne reculant devant aucun sacrifice
pour le bonheur de ma chère et tendre, deux options furent posées pour cette
proposition casse-tirelire.
Bien que n'ayant pas de places pour
le match, deux amis londoniens (un anglais et une normande) nous accompagnèrent
pour le weekend touristique, nous fournissant au passage un moyen de locomotion
individuel.
Arrivés le samedi matin sur place,
nous posions nos affaires dans notre chambre d'aubere de jeunesse avant de
prendre la direction à pied du centre ville, sous un radieux soleil hivernal.
L'immanquable visite des bains
romains faisant la célébrité de la ville eu bien lieu, et nous ipressionna tout
comme le reste du centre ville datant de l'occupation romaine il y a deux
millénaires de cela. La soirée fut ensuite consacrée à la découverte de pubs
locaux, dans la plus anglaise des traditions!
Recreation Ground |
En arrivant à ses grilles je fus
tout fier de présenter mon pass VIP et de me faire accompagner vers le
restaurant du club, sous une tribune latérale. Le déjeuner gastronomique avec
vue sur l'eau qui tombait inlassablement sur la pelouse fut très apprécié.
Ensuite le coach de Bath vint nous rejoindre pour quelques mots. Nous avions
alors très vite été dénoncés comme agents toulousains par le staff en place.
Dans un grand éclat de rire général, le coach affirma que tout ce qu'il venait
de dire concernant la tactique et la composition de son équipe était
complètement faux! Un dernier coup d'oeil sur les joueurs venant s'échauffer
sur ce qui ressemblait de plus en plus à une piscine et l'heure fut venue de
regagner nos sièges dans la tribune principale du stade.
Ma compagne s'arrêta au passage
quelques secondes sous la pluie pour profiter de très près du retour de son
favori toulousain, Clément Poitrennaud, au vestiaire après son échauffement.
C'est seulement une fois assis à nos
places que nous remarquions que notre tribune était la seule à être équipée
d'un toit protégeant les supporters des pluies diluviennent qui continuaient de
s'abattre sur la ville. C'est également à ce moment là que notre amie nous
appellait pour nous dire qu'elle avait trouvé une place pour assister à ce
match, dans la tribune située en face de nous. Non abritée donc. N'étant bien
entendu pas équipée de protection spécifique contre la pluie, elle fut vite
trempée mais demeura courageuse jusqu'à la fin du match.
Du courage, les joueurs n'en
manquaient pas, mais les conditions rendant impossible tout décent jeu à la
main, la qualité du rugby déployée sous nos yeux était des plus mauvaises. La
pluie était tellement lourde et continue que même le jeu au pied devenait
incontrôlable. Les glissades furent innombrables, de même que les fautes de
main provoquée par cette savonnette de ballon ovale!
Un score de trois points partout
vint sanctionner cette après-midi qui a dû paraître bien longue pour les
joueurs et les supporters de la tribune d'en face. Je n'ai d'ailleurs pas de
souvenir d'une rencontre de rugby internationale s'étant conclu sur un aussi
petit score avant ou depuis ma visite à Bath.
Un très bref détour par la réception
d'après match et nous retrouvions nos deux compagnons, incluant une conductrice
trempée jusqu'aux os! Il était alors temps de retrouver nos pénates
londoniennes. Sur le trajet du retour, nous étions tous d'accord sur au moins
un fait: nous avions tous mérité un bon bain (chaud)!