Les mois de juin et de juillet
d’une année impaire sont très calmes pour tout amateur de football. Aucune
compétition vraiment intéressante à se mettre sous la dent. En 2015, on a par
exemple dû se contenter de la Copa America et du championnat d’Europe espoir
pour le début de l’été, rien de très alléchant ni de très accessible…
Alors on s’intéresse aux petites
choses, les transferts bien sur, les matchs amicaux éventuellement, mais
l’excitation de la compétition fait cruellement défaut. Du coup, en ce lundi 22
juin, je jette un œil au tirage au sort des tours préliminaires de l’Europa
League et de la Champions League. Les clubs sérieux n’apparaitront que dans 3
ou 4 tours, mais lire les noms des équipes engagées dans ce premier tour
qualificatif me permet de réviser avec plaisir ma carte de l’Europe.
Ma boulimie géographique est
interrompue lorsque je vois le nom de West Ham United inscrit parmi les
participants au premier tour de qualification pour l’Europa League. Après
recherche, il s’avère que leur présence est due à un cadeau fait par l’UEFA au
club le plus fair-play des 3 associations les plus fair-play de la saison
précédente. Les hollandais du Go Ahead Eagles et les irlandais de l’University
College Dublin sont les autres heureux élus pour la saison à venir.
Mon intérêt a alors soudainement
grandi, surtout quand je découvris que les londoniens seraient opposés à un
club andorran, les Lusitanos d’Andorre. Evidemment, la possibilité d’aller voir
cette rencontre se déroulant à moins de 3h de route de Toulouse me traverse
l’esprit. En attendant que la date et le lieu exact soient fixés, je renvoie
mon attention vers les rumeurs de transfert les plus folles.
L'entrée du stade municipal
Jeudi 9 juillet 2015 à 20h00, au stade municipal d’Andorre. Le lieu et la date fixés, il fallait s’inquiéter de l’obtention de billets. Je ne doutais pas qu’un déplacement dans un recoin ensoleillé en pleine saison estivale allait intéresser un certain nombre de fans anglais. En premier lieu, je cherche des informations sur le stade : la capacité officielle est de 1800 places pour l’ancien stade de l’équipe d’Andorre, jusqu’à la récente création d’un ‘estadi national’.
Le club des Lusitanos n’a pas de
site internet ni de numéro de téléphone pour obtenir des informations sur la
mise en vente des billets… Les médias locaux ne m’aidant pas plus, je décide de
partir à l’aventure tout seul sans billet. Les 3 heures de routes depuis
Toulouse via Pamiers passent rapidement, notamment grâce à la beauté des
paysages pyrénéens, enfin surtout une fois la frontière andorrane passée…
Sur place, impossible de rater le
stade, les pylônes de l’éclairage sont bien visibles, en bord de l’axe
principal menant vers l’Espagne. Au cas où ça ne suffisait pas, j’aurais été
alerté par un attroupement typique de fans à l’extérieur du pub le plus proche
du stade avant une rencontre. Le bar ‘L’estadi’ débordait de supporters anglais
avec leur verre de bière à la main.
Une heure avant le coup d’envoi,
j’arrivais à me garer (légalement) derrière ce bar, soit à moins de 50m de la
grille du stade, un record personnel.
La mission consistait maintenant
à trouver un billet pour le match à venir. Les quelques centaines de maillots
bordeaux navigant autour du bar n’étaient pas là pour me rassurer. Je passe
devant un petit kiosque faisant office de billetterie, mais le trouve fermé
avec un message indiquant dans un catalan tout juste compréhensible qu’il n’y
avait plus de billets à vendre.
Le stress d’avoir effectué cette
longue route pour rien apparu soudainement. Certes je me doutais que je
n’aurais pas beaucoup de mal à racheter un billet à un local, mais je n’aime
pas les mauvaises surprises.
J’allais alors naïvement demander
à la personne présente à l’entrée du stade s’il savait où je pouvais me
procurer un ticket pour la rencontre du soir. Mon espagnol approximatif sembla
suffisant puisqu’il me demanda à son tour « Ingles o
Andorran ? ». Un réflexe épatant me fit répondre
« Andorran » sans réfléchir, ce qui eut pour conséquence de voir le
portillon s’ouvrir et le langage corporel de l’officiel m’indiquer d’entrer.
Simplement, sans paiement, sans billet, sans rien. « Muchas gracias
señor ! ».
Ma première analyse, une fois à
l’intérieur de l’enceinte municipale, repère une belle pelouse, une piste
d’athlétisme (hélas !), 2 tribunes, une « présidentielle » d’une
dizaine de rangée et une « visiteurs » dans un virage. Celle-ci est
remplie de drapeaux des différents fans clubs du club londonien, et à l’air, de
communiquer avec le pub à l’extérieur, où se trouvent tous les fans pour le
moment.
La tribune principale est elle
encore vide à l’exception de son extrémité où siègent les officiels de l’UEFA,
les journalistes (The Sun et The Daily Mail ont été repérés), le staff de West
Ham, ainsi que leurs très nombreux ordinateurs et caméras.
Le côté opposé du terrain est
quant à lui composé d’un mur taillé dans la roche surplombé par le grillage du
camping municipal depuis lequel la vue semble parfaite et gratuite.
Pour patienter plus facilement
maintenant que je suis bloqué à l’intérieur du stade, je me dirige vers la
buvette et me rends compte que je n’ai que 4€ de monnaie avec moi. Juste assez
pour un paquet de chips et une bière sans alcool, pendant que les visiteurs ont
accès aux joies du pub juste derrière leur tribune…
L'estadi communal plein
L’arrivée des joueurs pour
l’échauffement devait me permettre de faire un point sur l’effectif de West Ham
pour la saison à venir. Sauf qu’en étant à 6 semaines du début de la seule
compétition qui compte aux yeux de leurs dirigeants, la Premier League, peu de
joueurs de l’équipe type ont été invités à effectuer ce déplacement. En effet,
seuls 3 joueurs présents sur la feuille de match à Andorre démarreront le
premier match de championnat de la saison à l’Emirates Stadium.
En ce qui concerne la
reconnaissance faciale, et bien que les joueurs s’échauffent à moins de 10
mètres de moi, seule un visage me semble familier, celui de l’ex-sedanais,
ex-lorientais et ex-marseillais, Morgan Amalfitano. La lecture de la feuille de
match abandonnée par un membre du staff londonien m’appris que je connaissais
deux autres joueurs par leur nom : l’ancien messin Diafra Sakho et le
capitaine du soir James Tomkins.
Le reste de l’équipe était
composée de jeunes joueurs ou d’éternels réservistes, ce qui n’augurait rien de
bon pour la saison à venir de Monsieur Amalfitano. La lecture des numéros des
joueurs remplaçants était particulièrement significative : 32, 34 41, 51,
59, 62 et 64. Certes la numérotation des maillots est bien plus libre
aujourd’hui qu’au siècle précédent, mais cette série de nombre semble tout de
même bien prouver la jeunesse de l’effectif mis à disposition pour ce premier
tour qualificatif.
La différence de standard entre les
deux effectifs a d’abord semblé évidente durant l’échauffement. 1 entraineur, 5
ballons et 6 plots présents sur la moitié de terrain lusitanienne, 6
techniciens, et toutes sortes d’équipements mis à leur disposition côté
britannique. L’esprit meilleure ligue du monde contre district était
parfaitement mis en avant.
A l’heure du coup d’envoi, les
fans britanniques avaient (presque) tous rejoint leur tribune et démarrèrent
leurs chants répétitifs. Coté local, la tribune était finalement assez remplie
et une poignée de supporters à tendance ultra des montagnes se faisait entendre
à l’aide de leur tambour.
La rencontre avait commencé
depuis quelques secondes seulement que chaque équipe avait déjà montré quel
serait son mode d’expression pour la soirée. Une technique aisée accompagnée
d’une condition physique pitoyable pour les visiteurs, une technique hésitante
mais un engagement physique indéniable pour les andorrans.
Ce cliché des trentenaires
rondouillards se frottant aux adolescents en manque d’expérience fut
parfaitement illustré à la 14e minute lorsqu’à plus de 50m du ballon
l’andorran nommé San Nicolas se permis de provoquer verbalement et de mettre
une petite tape derrière la tête du numéro 15 londonien Diafra Sakho. Celui-ci
réagit avec trop de zèle, se retournant et poussant son adversaire. Le quatuor
arbitral danois décidait d’avertir le provocateur et d’expulser le provoqué…
En supériorité numérique, les
lusitaniens allaient-ils pouvoir remonter le handicap de 3 buts concédé au
match aller ? A la 21e minute, le jeune Elliot Lee poussait le
ballon dans le but andorran, rendant la mission impossible pour les joueurs de
la principauté. Le reste de la rencontre sera d’un ennui remarquable, les
anglais faisant tourner la balle sans se fatiguer et sans prendre de risque,
les andorrans n’ayant pas les moyens de les en empêcher.
Le quart d’heure de pause permis
tout de même de se divertir en observant les quelques visiteurs qui avaient mal
réagi au mélange de bière et de soleil d’été et qui tentèrent de jouer avec la
sécurité locale qui gérait la situation avec beaucoup de calme.
1-0 score final, si le déplacement
et la visite ont été agréables, la rencontre avait été sans intérêt méritant le
qualificatif d’ennui estival.
Pour info, je vais virtuellement effectuer le parcours m'emmenant d'Andorre à la finale 2016 de l'Europa League à Bâle en passant par tous les vainqueurs successifs du Lusitanos Andorre (mise à jour après chaque tirage au sort):
Road to Basel
2016 :
1er
tour préliminaire:
West Ham (Ang) – Lusitans (And) 3-0 2268km
Lusitans (And) – West Ham (Ang) 0-1 368km
(2638km)
2e
tour préliminaire:
West Ham (Ang) – Birkirkara FC (Mal) 1-0 2268km (4904km)
Birkirkara FC (Mal) – West Ham (Ang) 1-0 (3-5) 4552km (9456km)
3e tour préliminaire:
West Ham (Ang) – Astra Giurgiu (Rou) 2-2 2268km (11724km)
Astra Giurgiu (Rou) – West Ham (Ang) 2-1 4918km (16642km)
Barrage:
Astra Giurgiu (Rou) – AZ Alkmaar (PB) 3-2 4918km
(21560km)
AZ Alkmaar (PB) - Astra Giurgiu (Rou) 2-0 2428km
(23988km)
Groupe L
Partizan Belgrade (Ser) - AZ Alkmaar (PB) 3-2 3764km (27752km)
Augsburg (All) - Partizan Belgrade (Ser) 2472km (30224km)
Groupe L
Partizan Belgrade (Ser) - AZ Alkmaar (PB) 3-2 3764km (27752km)
Augsburg (All) - Partizan Belgrade (Ser) 2472km (30224km)